Maître fulmar sur sa vague planait....
Je m'appelais le Pétrel fulmar. Mais ça c'était avant Fulmar boréal.
Je suis un infatigable coureur d'océans. Je passe l'essentiel de mon existence à sillonner les mers, loin des rivages et du regard des terriens.
Je suis comme les marins de l'extrême, diurne et ne mettant que très peu le pied à terre ! Alors j'évolue en haute mer, sans repos. Je me rends sur le plancher des vaches pour me reproduire. Au printemps et en été, vous autres ornithos êtes contents, et pouvez me mirer de près lors de la nidification.
Quand je dis de près, c'est un bien grand mot. Vous devez prendre quelques risques pour approcher les colonies situées sur les corniches et anfractuosités des falaises de la côte !
Escalader, arpenter, renifler... et à vos yeux peut-être s'offrira un joyau. Ma femelle couvant à même la roche l'unique œuf de l'unique ponte de l'année.
Je suis un oiseau marin de la famille des Procellaridae, et j'ai le mal de terre. Je n'y suis pas à l'aise, mes pattes étant plus adaptées à la natation qu'au marathon. Elles me portent mal et je me tiens couché. Par contre à l'envol je peux dire sans me vanter que je suis du genre majestueux. Plus adapté que moi au milieu aérien tu meurs. Mes ailes font de moi un voilier capable de supporter le gros temps. Vous planerez à me voir planer au ras de la vague. La tempête ne me fait pas peur. Ni la pétole.
Je vous étonnerai en vous disant que je suis finalement un marin d'eau douce. Hé hé, Dame Nature m'a offert en dot une glande de dessalage. Je peux ainsi boire de l'eau de mer sans risquer de me faire un tour de reins. Je rejette le sel absorbé par les narines, étudiées pour : elles ont la forme d'un tube.
Là où le tableau est moins séduisant, c'est que je peux cracher - avec mon bec crochu jaune et gris - un liquide huileux et nauséabond. Il faut bien que je me protège d'éventuel agresseurs, les falaises sont parfois mal famées.
Mais je témoigne que l'auteur de ces lignes s'est bien comportée avec moi. Elle n'a fait que m'admirer.