Le clin d'œil bienveillant d’un Petit rorqual venu nous escorter en ce jour particulier...
11 novembre 2017, Latidude 37° Sud du pacifique, à 200 miles des côtes du Chili.l'heure du repas sonne l'occasion de faire le bilan observations. Très peu de cétacés observés depuis le départ des Galapagos.Deux groupes de dauphins la première semaine et le Rorqual de Rudolfi il y a quelques jours.Depuis 15 jours, cette mer calme aurait dû être propice à l'observation de mammifères marins.
Des dizaines d'espèces naviguent dans ces eaux profondes. Peut-être qu'une navigation plus proche des côtes sera plus favorable à de belles rencontres.
Au moment de ces sombres ruminations, l'attention d’Antoine est attirée par une gerbe d'eau sur tribord. "Marion regarde à 4 heures, y'a un truc !!! "
Magnifique breach d'un jeune de baleine à bosse, puis un autre et la caudale de la mère !
Le moral remonte d'un cran. Si la météo se maintient comme prévu avec une mer assez calme jusqu'à notre arrivée, on aura peut-être d'autres cadeaux de ce genre !
Une demi-heure plus tard, en plein réglage du spi avec un bateau filant à 7 nœuds, Antoine aperçoit à moins de 50 mètres à l'avant d’H2O un dos gris ardoisé. Panique à bord, ça sent la collision ! Et avec le spi sous régulateur d'allure, impossible de changer notre trajectoire. Le captain attrape alors les écoutes de spi et de grand-voile pour tout choquer en cas de choc. Nous retenons notre souffle.
Pendant quelques minutes rien ne se passe... quand soudain " Là sur tribord !!" s'exclame Marion.Un mammifère au corps fusiforme, long de 7 à 8 mètres est là sous l’eau, bord à bord. Il paraît tout juste plus grand que notre bateau.
Debout sur le pont, nous apercevons la masse sombre dans l'eau limpide. Les pectorales claires reflètent sur l'eau d'une couleur turquoise...Nous en avons le souffle totalement coupé : Une véritable apnée.Nos routes sont parallèles, et nos allures identiques.
Sous nos yeux ébahis, il émerge ! De ses évents sort un panache de 2 mètres de haut ! Si près de nous que ça résonne dans notre corps. Le bord du bateau est éclaboussé. Le temps de sa submersion, nous distinguons une marque blanche au niveau du dos grisâtre. C'est un indice de plus en faveur du Petit rorqual.Puis, sa dorsale sort , elle est bien falciforme...
Notre animal sonde au niveau de la proue. Seul le spi se reflète dans l'eau maintenant.Petit rorqual venu flirter quelques instants avec la coque, comme aurait pu le faire un dauphin.
Observation furtive mais ô combien émouvante !! Nos coeurs tremblants s’en surviennent encore ...une rencontre venue d'ailleurs comme le souffle bienveillant veilleur d'une sœur... L'eau salée a envahi d’émotion un instant les yeux de Marion. Un beau clin d'œil venu nous escorter en ce jour particulier.