Histoires de comptoir ou souvenir d’une nuit…
Que serait la vie de marin, sans anecdote, sans histoire de pirate, d’échouage, d’empagnanage et de marées loupées ou ammares largués … Ces histoires ont les entends souvent toutes au comptoir…
Arrivé à Bonaire, Sébastien de Fairplay 2, nous retrace avec ces mots l’histoire de deux jeunes aventuriers. Celle là fera peut etre un jour le tour des comptoirs un de ces soirs… en tout cas elle reste gravée dans notre mémoire:
“ Ménager sa monture : Piqure de rappel aux îles Aves (Vénézuela)”
“Seul au mouillage à la tombée de la nuit, un bateau de pêche du Venezuela vient tomber la pioche juste à côté d’eux. Le soleil avait déjà disparu quand le navire de pêche descend un youyou en bois. Panique à bord, l’équipage décide de quitter le mouillage alors qu'ils ne font plus la différence entre la mer et le ciel. Les Aves sont mal cartographiées et il n’est pas rare de voir des bancs de sable apparaître ou se déplacer avec des erreurs de 50 à 300 mètres sur la carte. Nuit sans lune, un vent constant à 25 nœuds et pour couronner le tout, une faible lumière semble les suivre...
Il vise un mouillage sur la carte mais l’entrée de nuit par ces conditions est risquée : beaucoup de vert sur la carte ce qui signale des hauts fond, bancs de sable et récifs.
Le jeune capitaine essaie de lire tant bien que mal la carte sur son IPad quand une vague vient l’arroser, la couverture étanche est là mais le tactile plein d’eau ne réponds plus. La jeune femme à la barre et le capitaine décide d’aller à l’avant avec sa lampe torche. Vu les conditions, il hurle: "fait très attention au sondeur", mais il est déjà trop tard ; l’appareil s’affole, 5 mètres, 4, 3, 2, boum !... Le bateau ne bouge plus, le moteur cale et un bruit sourd s’échappe du côté tribord. La jeune femme sous le choc pense que le voyage vient de se terminer. Le Capitaine lui, a déjà mis l’annexe à l’eau et n’est pas prêt de se laisser faire. Dans l’action il manque 100 fois de se couper, s’arracher ou se casser un membre. Un combat déloyal commence, le jeune homme, qui a déconnecté tout sens commun, doit faire face aux éléments qui s’acharnent à vouloir couler le petit bateau.
Après avoir fait le tour de la coque pour constater les dégâts, il demande à son équipière qui a repris ces esprits de lui envoyer l’ancre de secours pour qu' il puisse la jeter face au vent, c’est à la force des rames dans sa petite annexe face à 25 nœuds que le jeune garcon bas tous les records du monde d’aviron ! Il jette l’ancre et il semble voir que le fond n’est pas si loin et en deux coups de rames se retrouve à bord sur le pont à wincher le câbleau n’ayant pas de guindeau à bord.
L’ancre semble tenir et le nez du bateau se redresse tout doucement petit à petit le bruit sourd qui émanait du ventre du petit navire espace puis se tait enfin.
Le vent souffle toujours aussi fort mais cette fois le bateau lui fait face et ne touche plus rien, le récif est toujours bien là à quelques mètres de la jupe du bateau, le pire est évité, l’ancre semble tenir et il est hors de question de bouger avant que le soleil ne sorte de son sommeil. L’équipage se pose un instant.
Quelques mots de réconfort sont échangés mais le choc est bien réel, ménager sa monture mais aussi ses cavaliers. Il aura fallu attendre 3 jours et un bateau copain pour que les langues se délient et que cette mésaventure se transforme en un énième conte pour adultes qui alimentera les phantasmes des marins restés aux mouillages et aux ports.”