Moby dick te chuchote à l'oreille
Vingt-cinquième jour / Traversée Galapagos - Valdivia
Une heure du mat. Marion sort précipitamment de la couchette arrière et lance "tu as entenduuu ???". Elle est persuadée q'un mammifère marin a tapé sur la coque et respiré à côté du bateau. Il y a deux minutes, j'avais encore la tête dehors pour surveiller les voiles et je n'ai rien vu. Je pense qu'elle a rêvé [ou qu'elle perd la boule ? ndlr], mais pour lui faire plaisir, je sors de mon duvet pour jeter un coup d'oeil.
La lune éclaire la mer si calme... quand j'entends sur tribord un souffle tout près du bateau. Je n'en reviens pas ! Une masse sombre se dessine en surface à moins de 10 mètres de là. Elle respire, je peux imaginer le bouillonnement d'eau au niveau de son évent. L'aniaml s'enfonce doucement et disparaît.
Voilà Marion rassurée, elle n'avait pas rêvé. Ou peut-être vivait-elle le rêve d'une baleine qui vient la nuit souffler à l'oreille des navigateurs dans leur sommeil. En plein Pacifique.
Espérons que ce ne soit pas Moby Dick !
Le vent attendu est arrivé 6 heures comme prévu. Il est reparti à 7 heures, ça ce n'était pas prévu !
Plus tard dans la matinée, je crois entendre à nouveau un souffle. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, je suis debout au pied du mât, appareil photo et jumelles en main [il a 4 mains le captain ? question de la rédaction]. Cette fois-ci elle ne m'échappera pas !
L'animal refait surface. Plus exactement les animaux refont surface. Ce sont un adulte et un jeune rorqual de Rudolphi. Ils restent immobiles un moment et disparaissent dans notre sillage. Une bonne heure plus tard, revoilà les deux comparses qui réapparaissent à bâbord. Nous arrivons presque à suivre leurs mouvement sous l'eau. Cela crée des remous et vaguelettes.
Un dernier bol d'air en guise d'au revoir et ils sont loin derrière.
Le vent brille toujours pas son absence. Nous n'avons parcouru que 3 miles en 6 heures. Le courant est favorable, c'est dire si le vent manque de punch !
Nous sommes donc pris en étau [aïe, ndlr] entre un front au Nord et un au Sud. On distingue bien ce dernier au-dessus de l'horizon, mais pour nous c'est grand soleil et calme plat.
Il va valoir encore patienter !
