Les aventures d'Antoine en solitaire / Jour 1

Ce matin j’ai la boule au ventre, cette boule qui vous freine et vous fait prendre conscience qu’une véritable épreuve vous attend... Je suis dans ma couchette et n’arrive pas à me lever. Malgré le roulis du mouillage de l’îlet du Gosier, je sais que les nuits prochaines seront nettement moins confortables ! J’avale un maracudja qui me donnera l’énergie de m’activer. J’attache solidement l’annexe, et vérifie une dernière fois le bateau. Je hisse la grande voile à l’instant où le soleil sort d’un nuage, il l’éclaire battant dans le vent. Il est temps de remonter l’ancre et de partir... Un plaisancier d’un bateau voisin me lance un «bon courage», nous ne nous connaissons pas mais je pense qu’il a compris où je vais.

Je louvoie avec nostalgie entre les îles, où chacune me rappelle de bons souvenirs. Après un passage devant Petit Havre, où j’ai vécu 3 ans quand je suis arrivé en Guadeloupe, direction Marie-Galante et ses nombreux suivis de tortues, puis passage sous le vent de Petite Terre et ses missions Titè, pour saluer enfin Désirade et ses camps de baguage d’oiseaux avec les amis d’Amazona.

J’ai rendez vous avec le bateau de l’Archipel, qui relie Désirade à Saint François. Je sais qu’il passera la pointe des châteaux vers 16h avec à son bord mes deux amis Anthony et Eric. Je suis un peu en avance, ou le bateau en retard, nous ne nous croiserons finalement que de loin, je suis déjà en route vers le nord... Le soleil n’est pas encore couché que je vais m’allonger faire une sieste qui me poussera jusqu’à 20 h, je sors la tête du cockpit, il fait déjà grand noir, les lumières des îles ont disparu, les prochaines seront celles des Açores!....

Ce que ne sait pas le capitaine, c'est que ses amis l'ont bien vu de loin... les deux ornitus avérés n'étaient pas près de louper leur oiseau rare sur le départ. Anthony a même réussi à photographier son "Diablotinus chabrolitus" préféré.

Crédits photos : Anthony Levesque